Carnet de sortie numéro 1357

Je ne sais pas si cela fait autant de sortie mais le chiffre me plaît. Plein confinement, j’empoigne la planche avec l’attestation en poche. J’ai une heure pour rejoindre quelques spots de descente avec ma freeboard, dans un rayon d’un kilomètre autour de chez moi. Je monte sur Battant, rue de la mad… Beaucoup de monde autour de moi, un groupe de sdf sirôte de la 8.6 sans masque et avec des chiens sur le parvis de la cathédrale… Je monte la rue, pose la planche en finesse, pour ensuite balancer quelques courbes avec les bagnoles qui montent en opposition. Je leur laisse la priorité, naturellement. Tout ça sous l’œil des caméras de vidéosurveillance urbaine. Une, deux entrée de planche, je trouve de la souplesse sur le skate, de bonne augure pour augmenter la difficulté : cap sur la citadelle et la rue de la convention. Monté trop vite à pied, je suis chaud, mes hanches me rappellent à la patience. Arrivé sur le top, je rentre direct dans la pente, balance net un appui d’assurance. Les feuilles mortes éparses ont séchées, il n’y a pas de risque de dérobade intempestive. Seul mon poids m’aspire tendancieusement vers le danger, alors que j’oublie de souffler avec ce masque de foire au covid… Je connais trop bien ce spot, un jour cela me jouera des tours… Je contrôle mes arrières, la rue est vide, je suis seul avec la pente et ma board, pour atteindre l’acier d’une plaque qui me stop net. Pas assez dans l’anticipation de la trajectoire, je finirai un jour par me faire éjecter si je ne souffle pas d’avantage pour prendre la mesure de ma ligne. Plus loin, un jeune skateboardeur croise mon passage, il regarde ma planche, je regarde la sienne, je pourrai être son père, il pourrait être mon fils, on ne se dit rien, et on part skate

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