Le line up là où naissent les vagues

C’est ce sentiment étrange qui me pousse à m’exprimer ici, celui qui vous étreint lorsque vous venez d’atteindre le sommet du télésiège, ou juste après avoir franchi la barre sur le line-up, prêt à scruter les vagues naissantes ou attendant de visualiser sa trajectoire de descente dans la pente… Après une conquête teintée de patience et de méthode, après une attente mêlée d’effort et de travail, après la stratégie et la torpeur, enfin la libération vous enlace. Je souffle, soulagé, heureux mais jamais euphorique, car la suite n’augure rien de très facile, ou d’encore moins simple. Ce sont ces quelques minutes suspendues qui demeurent si précieuses. Je suis plutôt concentré, extatique d’une minute paradoxale, prêt à l’effort mais refusant tout faux pas. L’équilibre entre un engagement franc et massif ne doit pas avoir de complexe, évitant d’être perché tel un extasié en transe aveugle. Je sais ce que je recherche ; faire corps avec l’océan, comprendre la neige. Cette quête est acquise, l’harmonie éclair, vive et immédiate, flirtant avec la limite d’une chute à l’incompréhension du déséquilibre. J’ai ces quelques instants de répits, à moins qu’il ne s’agisse d’un stress ultime avant le run. Le bonheur est là, passé, présent, futur… C’est un plaisir fugace, bardé de doute, comblé d’envie, paré à bondir, sommé de réussir. Et puis quelque chose se passe, d’autres personnes bougent autour de moi, l’élément éolien vous pousse vers l’avant comme le temps qui courre vers cet idéal de toute manière inatteignable, alors à quoi bon attendre, autant se lâcher dans la pente, accepter la prochaine vague, et revenir, peut être, à ce même endroit, une prochaine fois, meilleur, chargé d’expérience. C’est celle-là même que je retrouverai à l’endroit où je l’ai laissée, dans ces quelques secondes inertes et pourtant conséquentes, là où tout commence et tout fini.

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